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Photo du rédacteurLila Catherine Brüschweiler

Pouvons nous arrêter de chercher à changer notre partenaire pour qu'il soit comme on attend ?

Peut-être vous pensez que si votre partenaire était un peu plus comme vous,

votre vie de couple serait bien meilleure ?



Pouvons nous redonner sa noble place à nos différences ?



Ce matin dans ma pratique personnelle de recentrage et d’harmonisation, voilà ce que j’ai entendu : “Il ne sera jamais comme tu veux qu’il soit, donc arrêtes de chercher à le changer pour en faire ta chose. Il n’est pas ta chose. Il ne t’appartient pas et tu ne lui appartiens pas. Laissez les vents du ciel souffler entre vous deux pour ne jamais vous enfermer au nom de l’amour”.

Arrête de chercher à me changer, s’il te plaît. Quand tu fais cela, tu ne me vois pas. Tu vois juste tes propres projections sur moi. Quand tu fais cela, tu ne m’aimes pas, comme si je ne mérite pas de recevoir le meilleur de toi si je ne suis pas comme tu veux que je sois. Je ne suis pas ta chose. J’existe pour moi-même. Ma dignité me demande de rester fidèle à moi-même.”

Plus nous essayons de changer quelqu’un pour qu’il soit comme nous aimerions, plus il ou elle va résister pour continuer à s’appartenir et quelque part garder sa dignité.

Rien n’est pire que d’être “la chose” de quelqu’un pour recevoir son amour, son intérêt. C’est le manque d’estime de soi par excellence. Alors pour ne pas vivre cette humiliation, nous résistons parfois à toute demande de notre partenaire, comme si chaque demande de sa part est une menace potentielle à notre intégrité. Nous devenons alors rigides car nous avons tout simplement peur de ne plus nous appartenir, de devenir la chose de l’autre, sa création.

Et puis quand nous vivons les demandes de notre partenaire, comme des menaces à notre intégrité, c’est que quelque part, probablement dans nos 20 premières années, nous avons dû nous soumettre à la volonté des autres ou à un système qui ne nous convenait pas et cela a laissé des traces en nous, comme des réactions de colère, de rejet, de tristesse et parfois même de haine, etc qui sont encore actives dans notre système.

L’éducation a voulu nous façonner. Beaucoup d’entre nous ont été largement éduqué à l’école de l’amour conditionnel pour nous forcer à entrer dans le moule de la famille ou de la culture.

Si on est 100% honnête, au risque de choquer, l’amour conditionnel ressemble à ça :

“Je te donne mon amour et je suis gentil (gentille) avec toi si tu fais comme je veux, si tu es comme je veux ; sinon je te retire mon amour, mon intérêt et je t’ôte même ta valeur et ta dignité.”

“Tu dois te soumettre à mon système, à ma façon de voir si tu veux que je t’aime. Tu dois être comme je veux que tu sois si tu veux que je t’aime. Si tu n’es pas comme je veux que tu sois, alors c’est fini entre nous. Tu n’as pas d’autres choix que de te soumettre si tu veux que je t’aime”.

“Qui tu es, toi, ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est que tu sois comme moi. Ta vision des choses ne m’intéresse pas vraiment. Je veux une marionnette. Je veux un objet. Je ne veux pas un être avec des goûts, des préférences, des états d’âmes.”

Et derrière tout cela, il y a inconsciemment en sourdine dans l’arrière plan du tableau, une petite voix qui dit : “Je veux que tu fasses mieux que mes parents”, “Je veux que tu me donnes ce que je n’ai pas reçu de mes parents et qui me manque encore aujourd’hui” ; Peut-être la reconnaissance de ma valeur, de ma sensibilité, peut-être l’écoute, la liberté d’être moi, le droit à l’expression, le droit de prendre ma place, le droit d’avoir des émotions, etc… Honnêtement, c’est le scénario que nous allons trop souvent rejouer dans toutes nos relations proches ou bien avec toute personne avec qui nous avons une relation d’autorité. C’est la voix de l’enfant intérieur insatisfait du passé qui mène la barque. Et dans tous les couples, à un moment ou à un autre, cela va se jouer dans le quotidien. Malheureusement trop souvent les couples résistent beaucoup à voir que leurs difficultés, c’est en fait 2 enfants intérieurs blessés qui se battent ou qui cherchent à se protéger.

Quand nous vivons les différences dans le couple comme des menaces, c’est que probablement inconsciemment nous avons dû étouffer nos différences, notre originalité durant nos jeunes années pour rentrer dans le moule afin de recevoir le minimum d’amour, d’attention et de sécurité, dont nous avions besoin. Quand il n’y a pas eu de place dans notre famille pour que nous soyons différent, que nous soyons nous-mêmes, nous devenons silencieusement au fond de nous des rebelles ; Cela est une bombe à retardement et c’est souvent le partenaire qui va en faire les frais.

Quand nous n’avons pas le droit d’être différent l’un de l’autre dans le couple,

alors c’est l’asphyxie.

Nous sommes éduqués à ne pas être nous-mêmes, à rejeter ce qui est différent de nous, à juger comme inférieur ou mauvais ce qui est différent de nous, finalement à casser la différence à tout prix car elle nous fait peur. Et nous pouvons passer beaucoup de temps à chercher à aplanir les différences dans le couple, comme si selon “notre angle de vue limité et conditionné”, la seule façon d’être bien dans le couple, c’est d’être pareil.

Commençons à voir nos différences autrement,

plus comme une richesse que comme une incompatibilité

Être différent l’un de l’autre ne signifie pas être en opposition ou en conflit. Chaque membre du couple a besoin de s’assoie dans sa différence, non pas pour s’y accrocher obstinément comme le bastion de son identité, mais pour tout simplement se sentir bien avec soi-même, se donner de la valeur et ne pas se fondre dans un projet de vie défini par l’autre.

S’asseoir dans sa différence, ce n’est pas non plus être rigide à toute évolution. Bien sûr que non, c’est récupérer l’estime de soi et s’affirmer dans notre nature authentique. C’est grandir aussi dans cette intégrité à soi. On sort pour toujours d’être la marionnette de l’autre pour espérer recevoir son amour. S’asseoir dans sa différence, c’est finalement s’aimer, c’est s’émanciper d’une fausse conception de l’amour qui étouffe la vie. C’est clair, il va falloir nous préparer à ne plus compter sur l’autre pour être la source d’amour que nous ne parvenons pas à être pour nous-mêmes. Nous avons besoin de devenir capable de nous donner l’amour, l’attention, la tendresse, l’écoute, le droit à la différence, l’indépendance, etc, enfin tout ce que nous attendons que notre partenaire nous donne.

Depuis où nous nous affirmons dans nos différences est crucial.

C’est la partie la plus délicate.

Est ce que nous nous affirmons depuis un regard honnête sur nous-mêmes, responsable et bienveillant ? Ou est ce que nous nous affirmons sans ce regard là sur nous-mêmes et depuis notre inconscience, nous rejouons alors une fois de plus la pièce de théâtre de notre enfance pour y avoir cette fois un meilleur rôle ?

S’affirmer, c’est oser exprimer ses propres limites et ses propres besoins, sans taper du poing sur la table en voulant prouver que l’on a raison ou en s’exclamant “C’est comme cela et c’est pas autrement”.

S’affirmer, ce n’est pas être froid, distant, totalitaire et fermé à l’autre. C’est être honnête envers soi pour pouvoir être honnête envers l’autre. C’est arrêter de cacher, de dissimuler qui on est vraiment par peur de faire des vagues dans la relation, par peur de la réaction de l’autre. S’affirmer, c’est risquer le conflit et ça il faut avoir la force intérieure de l’assumer.

Mais comme le dit le Dalai Lama,

L’amour véritable nous demande de prendre de grands risques

S’affirmer, c’est aussi ouvrir la porte au miracle, au cadeau, à la libération. Parfois le simple fait d’exprimer ce qui est juste pour soi change tout à l’intérieur de soi avant d’ailleurs même d’avoir la moindre résonance chez le partenaire. On reprend sa place, son droit à l’expression de qui on est. On récupère son pouvoir sur soi-même. On reprend les rennes de sa vie. On récupère sa dignité. On sort de toute victimisation face au partenaire. Et là ça commence à sentir bon la liberté dans la relation à l’être aimé ; la liberté d’être soi, la liberté d’être libre, la liberté d’être content avec soi, la liberté d’être léger, le plaisir d’être en intégrité avec soi.

Finalement s’affirmer, c’est être capable de clairement repérer les bagages négatifs de notre enfance, tels que les évènements douloureux ou les programmations imposées, qui nous ont fait entré en réaction (nous poussant à rejeter, à couper la relation, à retirer notre confiance, à nous rebeller intérieurement, etc) pour être sûr que aujourd’hui nous ne nous affirmons pas depuis notre passé non résolu, mais bien depuis qui nous sommes vraiment sans le poids de ce passé.

C’est là où tout le travail de conscience de soi et d’investigation intérieure commence car il s’agit de trier dans notre façon d’être et dans nos aspirations, ce qui est vraiment à nous et ce qui est la réaction à notre vécu d’enfance. Et si nous ne faisons pas ce tri, nous allons polluer notre relation au bien-aimé avec notre passé.

L’honnêteté, l’investigation intérieure, le travail d’ouverture à soi grâce à différents outils thérapeutiques pour aller au delà de la surface sont indispensables pour arrêter de créer notre vie d’aujourd’hui depuis nos réactions à notre passé.

Il ne s’agit plus ni de sauver notre bien-aimé, ni de lui faire payer les pots cassés de notre passé.

Il s’agit à la place d’être conscient, honnête, responsable de ce que nous amenons chacun dans le couple de notre histoire personnelle et de nous positionner toujours en partenaire l’un de l’autre, d’égal à égal, pour créer ensemble une belle vie. C’est la voie du couple éveillé.

Et si nous faisons des demandes à notre partenaire, assurons nous de prendre le temps de :

- ne jamais lui demander d’être comme nous car nous allons le réduire ou la réduire, nous réduire nous-même et réduire notre relation ; nous allons entrer dans une forme d’asphyxie où le “pareil” devient l’illusion du bonheur.

- ne jamais lui demander de compenser pour ce que nous ne faisons pas nous-mêmes car il s’agit de récupérer chacun notre responsabilité sur la vie que nous nous créons aujourd’hui.

- et bien sûr de ne jamais lui demander de réparer les traces négatives laissées par notre passé et d’être comme un “bon parent”. Notre partenaire ne peut pas guérir nos blessures passées. Il ou elle peut avoir de la compassion pour nos blessures, mais son rôle n’est pas d’être le parent idéal que nous n’avons eu. C’est le nôtre, d’être pour nous-même ce parent idéal là et ainsi de nous guérir.

Tout cela, je sais que c’est plus facile à dire que à faire. Même si notre partenaire n’est pas là pour que nous réglions les comptes avec notre passé, c’est quelque part inévitable que cela ne se passe pas. C’est comme le contrat caché d’évolution du couple, la raison camouflée pour laquelle vous vous êtes choisi l’un l’autre pour cette aventure qu’est le couple. Aucun couple n’échappe à cela car le couple, avant d’être un espace pour être heureux, c’est d’abord un espace pour que chacun évolue pour vivre qui il ou elle est véritablement depuis son âme.

A Jörg mon bien aimé qui marche ce chemin, parfois caillouteux, avec moi.

Copyright -2020 -Lila Catherine Brüschweiler - Coach en Bonheur et Love Mentor


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